25 ans après les premiers lâchers, quel avenir pour l’ours en France ?

Le 19 mai 1996, la première ourse originaire de Slovenie, nommée Živa (signifiant « vivante » en slovène) est lâchée à Melles en Haute-Garonne.

Une nouvelle page de l’histoire de l’ours
s’ouvre dans les Pyrénées.

Lâcher de Ziva le 19 mai 1996 à Melles

25 ans après et, suite à quelques opérations de renforcements supplémentaires, la population d’ours dans les Pyrénées croît régulièrement et dépasse la soixantaine d’individus.
Malgré cette tendance positive, l’ours n’est pas encore sauvé en France en 2021.
Les risques démographiques en Pyrénées occidentales, et génétiques à plus long terme, sont la résultante d’un manque d’engagement de l’Etat sur la restauration de l’espèce dans un bon état de conservation.
A ces problèmes s’ajoutent les menaces des opposants ainsi que l’attitude ambigüe de l’Etat.

◼️ Etat des lieux de la population d’ours

En 2020, 64 ours ont été détectés dans les Pyrénées, du Béarn à la limite des Pyrénées Orientales.

Preuve que les ours d’origine slovène se sont très bien adaptés à leur nouvel environnement, ils se reproduisent normalement, le nombre d’oursons par portée est normal (2-3) et le taux de survie est bon. Le développement des individus réintroduits et de leur progéniture est satisfaisant (forte croissance pondérale). Les cas de maturité sexuelle précoce des femelles Caramelles (fécondée à l’âge de 3 ans et demi) et Bambou (fille de Hvala qui s’est reproduite à 2 ans et demi) sont également de bons indicateurs de l’adaptation des animaux.
C’était prévisible, la Slovénie propose à l’ours des habitats proches de ceux des Pyrénées. En effet ce n’est pas un pays constitué que de plaines, c’est aussi un pays montagnard : une petite France

Le retour de l’ours dans les Pyrénées est une vraie réussite sur le plan biologique

◼️ Diagnostic

Le gouvernement français est en possession depuis septembre 2013 de l’expertise collective scientifique «L’Ours brun dans les Pyrénées» du Muséum National d’Histoire Naturelle. Le constat dressé par le Muséum, très clair, a été confirmé en 2018 :

  • L’Ours brun n’a écologiquement aucun impact négatif sur l’écosystème pyrénéen, faune comme flore. Il y a donc toute sa place.
  • L’état de conservation de l’espèce est jugé « Défavorable inadéquat » au regard des critères fixés par la Directive Habitats.

Préconisations de l’expertise scientifique :

Le Muséum rappelle que « la Directive Habitats impose aux États membres de maintenir les populations d’Ours bruns dans un état de conservation favorable ». Il considère que « la non-intervention maximise les risques encourus pour le maintien de l’espèce dans les Pyrénées puisqu’elle cumule à la fois les risques démographique et génétique ». L’expertise scientifique préconise :

  • pour le noyau occidental : « idéalement » un renforcement de 3 mâles et 10 femelles ou, « au minimum », un renforcement de 4 femelles. Ces renforcements devant être effectués très rapidement et de manière la plus synchrone possible ;
  • pour le noyau central : « idéalement », un renforcement de 1 mâle et 3 femelles, « au minimum » un renforcement de 2 femelles pleines.

Ces renforcements sont recommandés à un horizon de 4 ans (en 2013 …)

Le Muséum prévient que « tout retard nécessitera une probabilité d’intervention ultérieure beaucoup plus importante ».

Depuis 2013, seules 2 femelles en Pyrénées occidentales et 1 mâle en Pyrénées centrales ont été lâchés, soit la moitié du minimum urgent préconisé.

◼️ Analyse de l’action récente de l’Etat

La nature des dernières décisions de l’Etat français révèlent des dysfonctionnements structurels profonds. La machine de l’Etat n’est pas globalement orientée vers la cohabitation et la restauration de la population d’ours comme elle devrait le faire de par les dispositions légales.

  • L’Etat n’incite pas à la mise en place de protections préventives en faisant passer les effarouchements d’ours «normaux», dispositif dérogatoire, comme un moyen de protection standard, sans aucune étude préalable des conditions de prédation ni évaluation. Il ne met jamais en avant les exemples concrets où les protections fonctionnent.
  • L’Etat s’acharne à effaroucher les ours alors que ce dispositif n’a montré aucune efficacité notable depuis deux ans et qu’il a été sanctionné par le Conseil d’Etat en février 2020.
  • L’Etat ne respecte pas son obligation légale de restauration d’une population viable d’ours, ni son engagement de remplacement des ours tués de la main de l’homme (prévu explicitement dans le Plan ours en vigueur), ni les expertises scientifiques indépendantes (Cf. études et avis CNPN, MNHN), ni les demandes de la Commission Européenne, ni-même les décisions de justice (Cf. arrêt du Conseil d’Etat /effarouchements).
    Tout est exclusivement orienté pour calmer certains éleveurs et leurs syndicats qui refusent par principe de vivre avec l’ours (notamment en Ariège). Le résultat est une escalade sans fin dans la surenchère et la violence où l’Etat cède à chaque palier.

Depuis 2019, les décisions prises en matière de pastoralisme vont presque toutes à l’encontre d’une cohabitation apaisée parce que l’Etat cherche plus à calmer les radicaux et les violents qu’à concilier réellement les enjeux écologiques et agricoles.

◼️ L’ours, contrainte ou atout pour les Pyrénées ?

Chacun reconnaît que la présence d’ours implique des contraintes pour certaines activités, notamment pour l’élevage. Il serait pour autant simpliste de limiter la question à cela. Il n’est en effet pas contestable que :

Les contraintes liées à l’ours sont plus que compensées par le programme d’accompagnement associé (le plus complet du monde !) :
  • Transport de matériel par muletage et héliportage pour les cabanes isolées
  • Prêt de téléphones
  • Financement de plusieurs centaines de postes de bergers, de restauration des cabanes, de clôtures de protection, de chiens de protection
  • Intervention de bergers d’appui compétents et expérimentés

Toutes ces mesures ont été mises en place pour organiser la cohabitation homme-ours, et leurs bénéfices dépassent très largement les contraintes générées par la présence de l’ours ; rappelons que pour bien d’autres raisons que l’ours, 18 000 à 30 000 brebis meurent chaque année sur les estives pyrénéennes.

Ceux qui prônent la disparition de l’ours sont-ils prêts à voir disparaître toutes ces aides associées ? Assurément non. Le beurre et l’argent du beurre … on connaît l’histoire.

La présence de l’ours est un atout fantastique pour les Pyrénées

Le retour de l’ours est assurément la campagne de communication la moins chère et la plus efficace que l’on ait jamais menée pour les Pyrénées.
Tout le monde a entendu parler des Pyrénées grâce au retour de l’ours. On ne peut en dire autant de beaucoup de campagnes de communication, pourtant fort coûteuses pour le contribuable …
Cet atout indéniable reste pourtant ignoré dans les politiques de développement, du fait de la pression d’organisations agricoles et d’élus qui veulent imposer leur vision d’une montagne domestiquée et maîtrisée, niant tout caractère naturel et écologique au milieu.

Prenons une analogie qui éclairera notre propos : Jusqu’il y a peu, la neige n’était vécue que comme une contrainte par les montagnards. Il y a quelques dizaines d’années, on a développé une politique de valorisation via le développement des stations de sports d’hiver (dont l’évaluation n’est pas ici le propos …).
Depuis, la neige représente un enjeu économique tel qu’on est obligé d’en produire quand il en manque (on « réintroduit » la neige, en quelque sorte …) !
Voilà comment on peut transformer une contrainte en atout, et il en est exactement de même avec la biodiversité, et spécialement pour l’ours dont le caractère patrimonial et attractif n’a pas d’équivalent.

Nos amis italiens et espagnols l’ont bien compris et ont développé des politiques de valorisation avec succès : dans les Abruzzes (Italie), les élus locaux estiment que l’ours attire à Pescasseroli deux fois plus de touristes que la station de ski !
Et nous, qu’attendons-nous !?

« Les Pyrénées, sans ours, ce n’est plus les Pyrénées ! »

◼️ Conférence de Presse

Le 3 juin dernier, nous avons organisé avec FERUS, une conférence de presse à laquelle nous avons invité comme grands témoins les anciens Ministres Corinne Lepage et Serge Lepeltier qui ont marqué l’histoire de l’ours dans les Pyrénées.

◼️ Témoignages-vidéo inédits

A l’occasion de l’anniversaire des 25 ans du retour de l’ours, découvrez notre nouvelle série de témoignages vidéo inédits des acteurs de la protection de l’ours, intitulée « Dans les coulisses du retour de l’ours ».

Toute l’année, des nouveaux épisodes seront diffusés sur la chaîne Youtube de Pays de l’Ours – Adet, révélant des faits, évènements ou anecdotes ayant marqué l’histoire du retour de l’ours, tous inédits, souvent étonnants et inconnus du public.

Épisode 1 : « Le jour où j’ai sauvé le premier lâcher d’ours dans les Pyrénées » avec Etienne DUBARRY, ancien technicien de l’équipe ours de l’ONCFS

Épisode 2 : « Le jour où j’ai sauvé un ours dans les Pyrénées » avec Didier VILLATE, vétérinaire, qui a suivi l’ourson Douillous

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